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A2R Formation stage Léonard Matton et Thomas Soler ©Matthieu Camille
Emersion Mediation

Témoignage de Mélanie Herment
Inspectrice Pédagogique Régionale (IA-IPR) d'anglais - Académie de Créteil

Et je crois que cela tient à trois composantes du théâtre immersif tel qu’il a été pensé par Léonard Matton et sa troupe :

  • La proximité avec les acteurs. Elle permet une perception plus fine des émotions exprimées par les personnages et donc une meilleure identification de ces dernières. Une élève avait d’ailleurs dit au sortir du spectacle de 2018 :

    "Mais ça ne peut pas s’arrêter maintenant : les personnages vont tellement me manquer !"

  • Les déplacements au sein du lieu de représentation. Ils obligent à une mise en mouvement du spectateur qui, comme l’ont révélé depuis longtemps les sciences cognitives, décuple l’ensemble de sa perception et favorise sa réflexion à propos de ce qu’il découvre.

  • Le choix laissé au spectateur de ses déplacements. Ce choix est une des merveilles du théâtre immersif puisqu’il engage pleinement le spectateur : Où vais-je ? Est-ce que je suis les acteurs ? Lesquels ? Est-ce que je me déplace avec mes amis ou est-ce que je choisis mon propre itinéraire ? A plus forte raison pour des élèves, habitués à se voir dire ce qu’ils doivent faire, avoir le choix est garant d’un sentiment d’autonomie, de maîtrise et de pleine participation à l’expérience.

Depuis que j’ai commencé à emmener mes élèves voir Helsingør, je n’ai pas trouvé de meilleure entrée dans l’univers d’Hamlet pour eux. L’engagement émotionnel et intellectuel que la pièce motive est d’une force exceptionnelle et elle motive une réflexion enthousiaste et spontanée à propos de l’immersif mais aussi à propos de la pièce elle-même, des motivations des personnages, etc.

Mélanie Herment, Inspectrice pédagogique régionale d'anglais

L’immersif au service de la découverte littéraire et de l’engagement des élèves

 

Lorsque j'étais enseignante, j’ai eu la chance de faire participer plusieurs classes de Terminale au spectacle immersif Helsingør, château d’Hamlet en 2018 dans un espace du 5e arrondissement, puis en 2019 et 2021 au Château de Vincennes.

À chaque fois, cela a été un succès incroyable auprès des élèves et a représenté une entrée particulièrement privilégiée dans l’œuvre de Shakespeare, Hamlet, que je leur faisais étudier en cours d’anglais.

Mais Helsingør n’est pas The Tragedy of Hamlet, Prince of Denmark, c’est une adaptation. Alors comment m’en suis-je servie pour travailler la pièce avec les élèves ?

Anticipation, préparation au spectacle

Cette phase m’a semblé indispensable pour que les élèves ne soient pas trop perdus pendant le spectacle et puissent pleinement apprécier et analyser ce qu’ils voient.

Je commençais par un brainstorming à partir du nom « Shakespeare » : quelles pièces et quelles répliques leur viennent à l’esprit ? Sans surprise, nous arrivions vite à Hamlet. Puis, à partir du titre et du genre de la pièce, une tragédie, nous essayions de deviner les éléments de l’intrigue et les personnages.

A l’issue de ce temps, les élèves prenaient connaissance d’un résumé de la pièce qui leur allait leur permettre de comprendre l’essentiel de ce qu’ils verraient.

Spectacle et découverte de l’immersif

Je leur demandais uniquement de profiter pleinement de l’expérience, et leur assurait qu’elle serait tellement forte qu’ils pourraient analyser à rebours sans aucun risque d’avoir oublié des choses.

Le retour en classe et la prise en main de l’immersif
 

Nous revenions sur ce qu’ils avaient vu et, surtout, ressenti. A partir de l’expression de ces émotions, nous nous interrogions sur les choix de mise en scène qui avaient pu favoriser ces émotions et sur l’idée même du théâtre immersif. De nombreux élèves ont dit craindre ne plus jamais pouvoir apprécier une pièce de théâtre traditionnelle après cette expérience :
 

"Comment puis-je véritablement plonger dans l’univers de la pièce avec l’écart entre la scène et moi ?"

Puis, je leur demandais de choisir une scène parmi celles qu’ils avaient vues à Helsingør et de la mettre à leur tour en scène de manière immersive dans l’établissement, à partir du texte original de Shakespeare. Cette activité a toujours été accueillie avec un très grand enthousiasme et, forts de ce qu’ils avaient vu mais aussi de l’envie irrépressible de s’essayer à leur tour au théâtre immersif, pas un élève n’a pensé à avoir peur du texte shakespearien.

Cela a donné lieu à des représentations des scènes choisies, dans l’ordre chronologique de la pièce, au milieu de la communauté éducative de l’établissement. L’immersif a joué un rôle prépondérant dans l’accessibilité de l’activité pour les élèves car il a décuplé leur envie de mettre en scène et leur inventivité à ce niveau mais il les a aussi forcés à s’approprier complètement le texte, à faire parfois des coupes dans ce dernier (qu’ils faisaient avec un grand souci d’authenticité et de respect : "C’est quand même Shakespeare, madame !" 

 

 et à ne décemment pas pouvoir se permettre de garder le texte à la main… On ne se bat pas en duel au milieu de la cour avec des feuilles dans les mains !

 

Helsingør, château d’Hamlet et les activités menées autour resteront à jamais parmi mes plus beaux souvenirs et, aux dires des élèves, il en va de même pour eux.

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