

Trahisons en immersion,
première expérience sur l’immersif par Léonard Matton

Pour son premier spectacle immersif, Léonard Matton expérimente sur la base de Trahisons de Harold Pinter. C’est un lieu associatif culturel et éphémère, Le Génie d’Alex, situé sous le Pont Alexandre III à Paris, qu’il choisit pour élaborer son projet, durant les mois d’été et d’automne 2017.
Un lieu non sacralisé pour créer un dispositif immersif
Le projet Trahisons en immersion se crée en résidence au Génie d’Alex, établissement culturel de la Ville de Paris, lieu associatif, culturel et festif, destiné à exploiter de façon éphémère un espace sous le Pont Alexandre III, durant les mois d’été et automne 2017. L’initiative de la Mairie de Paris a permis à cinq structures, dont Plateau Urbain et La Belle Friche, de se réunir pour ce projet dans une dynamique bénévole, artistique et collaborative. Le fonctionnement de ce lieu éphémère a offert la possibilité de répéter en public et présenter le projet durant quatre soirées.

Cette expérience dans un espace non sacralisé - sans billetterie, sans espace clos, proche du théâtre de rue, et la réflexion menée depuis Helsingør dans des tiers-lieux, incite Léonard Matton à reprendre un jour ce spectacle dans un lieu théâtral, afin de transformer l’espace public en espace « privé », faisant entrer le public dans l’intimité d’un trio amoureux.
L’immersif, un dispositif théâtral qui permet l’intime
L’immersif permet de poser plus nettement encore la question soulevée par la pièce Trahisons au sujet de l’intimité du couple : qu’est-ce que l’intimité lorsque celle-ci est mise à nu sans bornes ni frontières à des spectateur·rices qui peuvent évoluer comme ils·elles le désirent ? Car le public peut, dans ce dispositif scénographique, approcher à quelques centimètres des trois comédien·nes.
Il n’y a plus ni espace de jeu sacralisé ni salle de théâtre.
L’histoire d’Emma, Jerry et Robert se déroule tout autour et au milieu du public. C’est un dispositif « à taille humaine », à la portée de chacun·e.
Cette pièce, Trahisons, offre un magnifique terrain d’expérimentation car c’est peut-être l’une des pièces les plus compliquées à agencer dans un dispositif immersif. Pour plusieurs raisons : premièrement, l’histoire est radicalement simple et la distribution est très réduite (le mari, la femme et l’amant). Deuxièmement, les scènes vont à rebours dans le temps (on commence en 1977 et on termine en 1968). Enfin, troisièmement, l’action est quasiment absente.
C’est un matériau idéal pour inviter chaque spectateur à être un spect-acteur, chaque spectatrice à être une spect-actrice : la pièce se déroule dans des années proches de nous, le style est cinématographique et correspond encore à nos codes, et enfin les nombreux silences invitent à s’approcher pour mieux voir et comprendre.
Résumé de la pièce Trahisons de Harold Pinter

1977 : Emma et Jerry ont été amants. Ils se retrouvent dans un pub après deux ans de séparation. Ils se sont connus grâce à Robert, qui est à la fois le mari d’Emma et le meilleur ami de Jerry. Les scènes vont alors remonter le temps jusqu’à la première rencontre entre les deux amants, en 1968... Le trio du mari, la femme et l’amant, traditionnelement comique, devient grinçant. Avec le flegme britannique de Harold Pinter, le public traverse les mensonges, les non-dits et les trahisons qui vont et viennent, de part et d'autre. Car qui trahit qui ? Celui qui trompe ou bien celui qui, se sachant trompé, se tait ? Celui qui préfère sauver son couple ou bien celui qui privilégie son amitié ?
Dans ce dispositif en immersion, l’espace change à chaque scène et le point de vue de chaque membre du public fait de même. Chacun·e aura ainsi une vision unique de cette histoire intime.
L’équipe du spectacle
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Direction et mise en espaces : Léonard Matton
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Interprètes : Léonard Matton, Magali Bros, Mathias Marty