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Henri IV Luigi Pirandello - Léonard Matton ©Matthieu Camille Colin
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Henri IV de Pirandello, un spectacle “émersif”

Henri IV Luigi Pirandello - Léonard Matton ©Matthieu Camille Colin

En 2022, Léonard Matton s’empare de l’univers de Luigi Pirandello et monte Henri IV écrit 100 ans auparavant. Chef-d’œuvre lyrique, cette pièce est portée par un souffle épique et est menée tambour battant par une intrigue foisonnante. Comme à son habitude, Léonard Matton revisite ce classique et plonge le spectateur dans un spectacle “émersif” mélodramatique et méta-théâtral - qui interroge la réalité du théâtre et l’importance de l’illusion.

L’histoire de personnages qui jouent des personnages

Dans Henri IV, Pirandello questionne l’illusion théâtrale, les masques que chacun porte, et la tentation de sombrer dans la folie face à la réalité. Suite à un accident en 1922, un homme croit qu’il est Henri IV – l’empereur d’Allemagne du XIème siècle. Dans sa demeure, il vit depuis des années avec quatre figurants. Grâce à eux, il rejoue les cabales du Saint empire romain germanique, sans que rien ne vienne troubler l’Histoire. 


Cette pièce à tiroirs qui entremêle plusieurs époques est une enquête où tout discours est double. Qui joue, et surtout quoi ? Le « fou » qui se prétend Henri IV se berce-t-il d’illusions ? Et ceux qui l’entourent, forcés de se prêter à cette fiction pour l’en sortir, peuvent-ils se retrouver coincés avec lui dans son théâtre ?

C’est l’histoire de personnages qui jouent des personnages... et parfois d’autres encore.

Une troupe parallèle de comédiennes et de comédiens

Les interprètes ont eux-mêmes créé des personnages supplémentaires  : des individus fictionnels d’un «  ici et maintenant » de 2022. Sous les personnages historiques de 1922 écrits par Pirandello,  il y a  en plus des interprètes fictionnels contemporains en train de répéter : une troupe imaginaire dirigée par deux metteuses en scène (qui resteront tout le spectacle dans la salle avec le public). La représentation est ainsi présentée, non comme un spectacle finalisé, mais « un des derniers filages d’une future création ». 

Henri IV Luigi Pirandello - Léonard Matton ©Matthieu Camille Colin

Un processus théâtral immersif pour les spectateurs

Il y a un processus immersif, puisque ce sont les spectateurs qui ainsi endossent un « rôle » – celui de personnes venant assister à un filage. Pour accentuer cette sensation immersive, le début du spectacle se fait en partie dans l’espace d’accueil. Les spectateurs qui ne sont pas encore assis dans la salle peuvent ainsi voir une première scène dans le hall.

« La salle se déplace avec nous » déclare l’un des personnages de cette scène. Cette phrase, comme toute la suite de la pièce, prend alors un sens physique. Ensuite le public est rassemblé plus traditionnellement sur les sièges de la salle. Mais pas plus « tranquillement ». Car ce filage – fictionnel – va peu à peu, comme la pièce de Pirandello, dévier de son cours prévu.

Henri IV, spectacle émersif de Léonard Matton ©Matthieu Camille Colin

Les indications des metteuses en scène – didascalies lues – sont de moins en moins suivies par les interprètes. Au point que l’interprète fictionnel de l’homme qui se prétend Henri IV perd pied, comme son rôle, et émerge de la scène au milieu de la salle pour poser la question des apparences théâtrales : qu’est ce qui semble vrai ? ajoutant : « Il faudrait examiner ce qui semble vrai à ces cent mille autres qu’on n’appelle pas fous » (acte II).

Une mise en scène en émersion plutôt qu’en immersion

Léonard Matton s’est passionné pour ce texte et pour l’expérience qu’il permet de créer : à la fois mélodramatique et  « méta », aux frontières de la folie. Après Hamlet dans Helsingør en 2018 ; Jenny (une psychanalyste traumatisée) dans Face à face, de Bergman, en 2019 ; et Daniel (créateur paranoïaque du premier marché noir sur le darknet) dans HPNS en 2022  ; l’histoire de cet homme (qui s’interroge sur l’éventuel bonheur d’être fou) s’inscrit parfaitement dans cette exploration de la perte de repères (mentaux, sociétaux, narratifs, stylistiques, scénographiques) que mène Léonard Matton

Son projet est ici d’inviter le public à vivre une expérience à la fois individuelle et collective depuis un siège traditionnel. Ce texte permet de poursuivre son travail artistique sur le rapport interprètes-public et sur la frontière scène-salle. Avec cette mise en espace, Léonard Matton travaillera « l’émersion » plutôt que « l’immersion » : il propose avec ce texte, non une invitation au public à monter sur la scène, mais aux interprètes de descendre au niveau de chaque spectatrice et spectateur.

Henri IV, spectacle émersif de Léonard Matton ©Matthieu Camille Colin

"Un régal ! (…) La mise en scène de Léonard Matton est formidable. Rien n’est laissé au hasard et nous ne cessons d’être surpris. (…) Dans le rôle du personnage, que Pirandello n’a pas nommé, qui se prend pour Henri IV, notons un jeune homme à l’avenir des plus prometteurs, Dylan Perrot. Son interprétation, très christique, nous a fait songer à Laurent Terzieff, qui fut éclatant dans ce personnage." Marie-Céline Nivière pour L’Œil d’Olivier

L’équipe du spectacle

  • Adaptation, mise en scène et scénographie - Léonard Matton

  • Assistanat - Clémence Audas et Aurélie Gendéra

  • Costumes - Margaux Lopez

  • Conseil chorégraphies - Fantine Lanneau-Cassan

  • Conseil chant - Christophe Charrier

Les interprètes

  • Albert Arnulf - le baron Belcredi

  • Clémence Audas - la productrice

  • Yolanda Creighton - Donna Mathilde Spina

  • Aurélie Gendéra - la metteuse en scène

  • Reynold de Guenyveau - Berthold

  • Guillaume Lauro Lillo - le marquis Di Nolli

  • Justine Marçais - la marquise Frida

  • Maud Olivieri - Landolf

  • Dylan Perrot - Henri IV

  • Alice Preyssas - la docteure

  • Maxime Seynave - Ariald

  • Pierre-Emmanuel Uguen - Ordulf

 

Henri IV, spectacle émersif de Léonard Matton ©Matthieu Camille Colin
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